En cette Journée nationale des peuples autochtones, c'est une occasion spéciale de souligner, pour tous les Canadiens, le patrimoine unique, la diversité culturelle, et les réalisations remarquables des Premières Nations, des Inuits, et des Métis.
Alie Jimerson, membre de la Nation Cayuga et attaquante au sein de l’équipe nationale sénior féminine, ne joue pas pour les victoires, les médailles, ou les buts comptés (même si c’est une buteuse exceptionnellement douée) — elle joue pour le Créateur, en suivant les intentions originales de ce jeu autochtone.
La Nation Cayuga est un des six membres constituant la Confédération de Haudenosaunis, avec les peuples Onondaga, Seneca, Oneida, Tuscarora, et Mohawk. Les premiers à jouer le Jeu du Créateur, ces peuples sont également les premiers habitants d’un vaste territoire recouvrant le nord de l’État de New York, le sud de l’Ontario, et le sud du Québec.
Grandissant sur une réserve Seneca, à environ 50 kilomètres au sud de Buffalo, N.Y., Jimerson a commencé à jouer à la crosse à l’âge de seulement six ans. Sa mère Claudia Jimerson avait été joueuse et entraîneure de l’équipe nationale Haudenosaunee, et elle voulait conférer à ses filles cette même expérience.
« J’appartenais à une petite équipe de club sur la réserve. C’était vraiment intime. Toutes mes amies y appartenaient, et ma mère et un couple de mes cousines nous entraînaient. Nous participions à des tournois et c’était vraiment sympa. Je jouais l’année durant, pas seulement en été, et chaque été je m’affirmais de plus en plus comme joueuse. À l’âge de 12 ou 13 ans, les entraîneurs de collège commençaient à s’intéresser à moi, non pas du niveau D1 mais du niveau D3, mais tout de même, je n’avais jamais considéré cette possibilité de jouer au niveau collégial. Je me suis fixé la mission de jouer en Division 1, et c’était parti, » raconte Jimerson.
Cette mission, elle l’a réalisée. Après deux saisons à l’Université d’État à Albany, Jimerson a changé d’école, poursuivant ses études plus près de chez elle, à l’Université de Syracuse, où elle a prospéré et est devenue un modèle de rôle pour ses coéquipières plus jeunes ainsi que pour les jeunes joueuses autochtones.
« Dans notre culture, c’est contraire aux traditions pour les femmes de jouer à la crosse. Mais au fil du temps, le jeu a subi une grande transformation, et ces jours-ci on a l’esprit plus ouvert. Tout de même, quand j’ai commencé à jouer, j’ai ressenti la résistance, la désapprobation. J’étais chanceuse d’avoir des parents qui m’ont permis de jouer, qui voulaient que je joue, parce qu’ils ne croyaient pas que je devais être privée de ce droit. Ma mère joue à la crosse, et elle s’est affrontée à cette même désapprobation. Donc elle me défendait en disant ‘qu’elle joue si elle le veut’. C’est un privilège de jouer à la crosse, et je n’oublie jamais ce fait. Je suis très reconnaissante devant chaque possibilité de jouer, en sachant qu’il existe des filles, notamment des filles autochtones, qui sont toujours sous l’emprise des aînés qui leur refusent carrément la possibilité de jouer. »
La semaine prochaine, Jimerson participera à son quatrième Championnat du monde, et son deuxième en tant que membre d’Équipe Canada. À ses deux premiers Championnats du monde, elle a joué au sein de l’équipe nationale Haudenosaunee où, après des années à jouer sous l’encadrement de sa mère, elle a eu l’occasion de compter cette dernière comme coéquipière.
« À ma deuxième Coupe du monde, j’ai joué aux côtés de ma mère, et c’était une expérience incomparable. Il n’y a guère personne au monde qui ait cette possibilité. Cela restera l’un de mes plus beaux souvenirs, » affirme-t-elle.
Cette expérience d’équipe lui a plu, et la semaine prochaine à Towson, elle aura la chance de retrouver sa sœur Jalyn, un milieu de terrain à l’Université de Syracuse, qui disputera son deuxième Championnat du monde avec l’équipe nationale Haudenosaunee.
« C’est une expérience toute différente, quand vous jouez avec des personnes qui vous ressemblent, qui connaissent les difficultés que vous avez confrontées parce qu’elles les ont confrontées aussi. C’est une expérience très spéciale de jouer aux côtés de votre peuple, et ce sont là des souvenirs que je chéris. »
Or, Jimerson était un membre de l’équipe M-19 qui, en 2015, à seulement deux semaines avant la date de son départ en Écosse, a été informée que sa participation allait être annulée parce que la citoyenneté Haudenosaunee n’était pas reconnue par le Royaume-Uni.
« C’était une excellente formation, cette année-là, et je suis confiante que nous aurions gagné une médaille, ou du moins fini parmi les cinq premières au classement. C’était très frustrant. »
Ainsi, Jimerson a pris la décision difficile de soumettre une demande de transfert vers le Canada avant la tenue du Championnat du monde suivant. De son point de vue, la localisation géographique avait moins d’importance que la possibilité d’être une ambassadrice pour son peuple sur la scène mondiale.
« Je souhaite ardemment jouer ce jeu. C’était un pari risqué parce que je devais accepter le transfert avant de savoir si j’avais été sélectionnée à l’équipe, et le transfert est exécutoire, donc si je n’étais pas sélectionnée à l’équipe, ce serait un choix que je devais accepter. J’ai pris la décision en toute connaissance de ce à quoi je renonçais. »
Jimerson se dit chanceuse d’être rentrée du Championnat du monde 2017 avec une médaille d’argent dans la poche, mais elle dit que c’était encore plus important pour elle de rentrer en compagnie de ses nouvelles coéquipières qui l’avaient accueillie à bras ouverts. Maintenant, elle est une des aînées de la formation, elle a hâte de prodiguer ce même type de mentorat à une nouvelle génération de joueuses de crosse.
« Pendant longtemps, j’étais parmi les plus jeunes membres de l’équipe, et puis maintenant je suis une des aînées, » observe-t-elle en riant. « C’est très important pour moi, spécialement après ce qui s’est passé en 2017. C’est un évènement de grande importance, et je suis tellement contente d’être de la partie. »
Pour le moment, à quelques années de son séjour à Syracuse, elle rafraîchit ses compétences et contemple avec enthousiasme l’avenir de son sport, particulièrement la discipline de la crosse par équipes de six, qui s’est vu octroyer la reconnaissance officielle du CIO l’été passé.
« Les mots me font défaut. À mon avis, la crosse aurait été ajoutée au programme des Jeux olympiques il y a longtemps. Ce sport est un jeu que mon peuple a créé et développé, et maintenant il est reconnu comme un sport mondial par l’organisation olympique. Aucune idée où je serai dans six ans, mais nous avons déjà eu la bonne fortune de suivre les progrès remarquables de ce sport, et nous avons contribué nous-mêmes à cette évolution. J’ai des sœurs cadettes, des cousines, et nous avons frayé la voie pour elles, pour leur donner la possibilité de jouer un jour aux Jeux olympiques. C’est vraiment magnifique. »
Mais pour l’instant, Jimerson et ses coéquipières d’Équipe Canada se concentrent surtout sur le Championnat du monde. Les Canadiennes fouleront le terrain le 29 juin à 19h00 HE, et Jimerson va sans doute dominer le jeu derrière la cage lors de cette première partie toute importante contre Équipe USA. Venez nombreux suivre l’action en personne à l’Université Towson, ou sur les ondes de ESPN et TSN.
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