Dans la carrière de presque tous les athlètes, à un moment ou un autre, il advient que quelque chose casse et on baisse les bras. Que ce soit les contraintes de temps, la difficulté d’accès aux programmes de qualité, les camarades qui abandonnent le sport pour un autre, ou tout simplement la perte de plaisir dans le jeu - les raisons pour décrocher sont nombreuses.
Dans le cas d’Erica Evans, elle s’est affrontée à cette lassitude aussi jeune. Elle a commencé à pratiquer la crosse en enclos à l’âge de seulement quatre ans, dans sa ville natale de Peterborough, Ont., et il a fallu assez peu de temps pour décider que ce jeu n’était pas pour elle.
« Pour faire bref, un petit gars m’a frappée d’en arrière, et je me suis fâchée. J’ai riposté avec violence et on m’a dit que ce n’était pas permis, » se souvient-elle en riant.
Quelques années plus tard, son intérêt pour le sport s’est renouvelé en regardant trois de ses cousins jouer au sein de l’équipe Peterborough Lakers. Ayant déjà engrangé l’expérience de crosse en enclos, elle a décidé d’essayer la discipline de crosse au champ.
« J’avais douze ou treize ans en 2007 quand le Championnat du monde M-19 s’est disputé ici à Peterborough, et je suis allée regarder quelques parties et c’est alors que je me suis fixé l’objectif de me qualifier à Équipe Canada. »
Ce qu’elle a fait. Ces jours-ci, elle est enseignante de science et d’éducation physique de neuvième année dans la région de Kawartha. Cet automne, elle foulera le terrain en tant qu’entraîneure-chef de l’équipe de crosse féminine Trent Excaliburs, en puisant dans ses années d’expérience avec Équipe Canada, le Collège Canisius, et l’Université du Maryland pour inspirer une nouvelle génération de joueuses de crosse dans sa ville natale.
En se préparant à son troisième championnat du monde, Evans a hâte de retrouver la formation nationale après une série d’années assez difficiles.
« C’est fantastique d’avoir de nouveau cette possibilité de jouer, de retrouver l’équipe, d’enfiler l’unifolié une fois de plus. À chaque fois, l’expérience est encore plus douce, d’autant plus que je suis plus âgée maintenant et je ne dispose pas d’autant de possibilités pour jouer à la crosse. »
Même si sa carrière collégiale est loin derrière elle, Evans n’a pas ralenti le pas. Effectivement, elle est toujours parmi les plus rapides de l’équipe, et elle a un talent particulier pour se faufiler dans les zones de transition.
« Évidemment, je suis une personne très compétitive. À chaque fois que je foule le terrain, je veux apporter le meilleur de moi-même, et je veux élever le jeu de toutes mes coéquipières aussi. »
« Je suis plus vieille. Je me vois maintenant comme enseignante: j’exerce un rôle de leadership au sein de l’équipe, où je perfectionne ces compétences et je pousse les plus jeunes à en faire de même, » a indiqué Evans.
Effectivement, en l’observant durant les séances d’entraînement, on voit comment elle vérifie attentivement que chaque joueuse comprend l’exercice, et que chacune se sent confortable et confiante.
« C’est fou; je n’aime pas m’attarder sur le chemin que j’ai fait, mais je dois admettre qu’il est gratifiant de voir que tout le travail dur que j’ai mis sert en quelque sorte à préparer la voie aux joueuses plus jeunes. C’est un honneur d’être considérée comme une référence, un modèle de rôle. Pour ma part, j’admire depuis longtemps le jeu de Dana, et de Katie Guy aussi. Leur détermination m’inspire, et je veux m’assurer de faire ma part et redonner à la nouvelle génération, et contribuer au rayonnement de la crosse au Canada. »
Ce dévouement est évident dans tout ce qu’elle fait. Bon nombre d’anciens joueurs et joueuses canadiens restent aux États-Unis pour faire carrière d’entraîneur, mais Evans a pris la décision de rentrer chez elle et soutenir les programmes de la ville qui l’a élevée. Dans l’intervalle, ses joueuses et ses élèves l’applaudissent et l’admirent alors qu’elle continue de marquer son empreinte.
Erica Evans sera sur le terrain pour disputer le Championnat du monde de crosse féminine 2022, à compter du 29 juin 2022.
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